La ville aux mille Sourires
Sur les murs.
A l'écran.
Dans la rue.
Qu'on te rosse, qu'on te rackette, qu'on te mente
C'est toujours en souriant.
Moi, de sourire, on m'en a gavé
Dés l'enfance.
Discret et sans malice,
Nourri au petit Jésus matin, midi, et soir, ainsi j'ai grandi.
Une fois dans la rue,
Le sourire de la ville m'a bien eu.
Je suis sorti sans armes,
Sans larmes,
Nu.
Au milieu des flèches blanches au sol
Des labyrinthe de papiers, labyrinthe de chiffres
Des vitrines qui te servent du sourire clin d'oeil à gogo
Des trottoirs gris, malgré tout
Angles droits, quand bien même
Au milieu: moi
Naïf et rempli de petit jésus
Ignorant tout du sourire de la ville,
Je lui ai souri aussi.
J'étais baisable, enculable, rackettable.
Et j'ai été baisé, enculé, racketté, mais
Abattu?
Jamais
Personne n'aurais pu
M'élever non plus,
Petit jésus
me protège et m'enferme.
Bien qu'ayant dilué son sang dans
La bière, le vin, le rhum
La baise, le rien, le vol
Je le garde dans mes veines.
Ma prison, mon armure.
Sans armes
Sans larmes
Nu
Du petit jésus dilué dans les veines
Rien ne m'atteint
Invincible, immobile.
Voilà ce que cache mon sourire:
Pas de malice, pas de génie du vice,
Juste du vide,
Une armure vide
Dans la ville.
Cette ville au sourire enjôleur
Cette ville trop fière d'elle même
Et de ses masques aux mains sales
J'aimerais un jour lui foutre une branlée
Edenter sont sourire, mais
Je suis sans armes
Sans larmes
Nu.
Je veux... voudrais?
...
VEUX!
changer de chaire,
Me faire plus fort
Plus vulnérable
Gerber mon petit jésus
Dans un trou
Je veux ... voudrais?
...
VEUX!
Devenir un loup!
ET C'EST LA
Que,
De l'autre côté du fleuve vrombissant,
Depuis la rive d'en face,
deux yeux bleus viennent percer ma carapace
Dans mon ventre je sens,
L'appel des bois
Il me faut traverser
Mais le petit bonhomme raide dit:
non, non
non, non
Et les fauves défilent
Rugissants et urbains,
Entre nous.
Le sang me monte aux joues
Le ciel s'empourpre, et
Soudain,
Comme jeté par un volcan
Je jaillis dans ses bras, à elle.
Son sourire me surprend
En insinuant du je sais pas quoi
En moi.
Elle est sensuelle et sauvage
(Petit jésus dit "sauve toi!")
Comme le ciel dans lequel on tournoie
"Suis-moi" me susurre-t-elle
Et à travers les nues embrasées
Elle m'emmène vers la nuit.
Le jour est mourant quand nous arrivons à la forêt
Les dernière nuances tombent et la nuit tombe.
Sa silhouette, gracile, légère se déplace comme une complice espiègle du temple d'écorces, de bruissements de feuilles et de bras hallucinants.
Au coeur du bois elle s'arrête.
Une clairière laisse voir, au ciel, l'oeil rond et blanc qui nous regarde et nous révèle.
Ses yeux à elle me fixent, jaunes, inhumains,
Ce sont les yeux d'un loup
Je bande comme un fou
Elle me bondit dessus,
Elle grandit, déchire mes habits,`
Les siens, elle a des crocs luisants
Un pelages épais lui recouvre peu à peu
Le visage
Le dos,
Le corps entier,
Elle me serre, rageuse
Ses griffes sont dans ma peau
Je crie
AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH!!!
"Crie plus fort, dit-elle,
Le prochain homme que tu croise
Tue le
Tu es un loup
Baise moi!"
Là, j'ai les dents du fond qui baignent,
C'est le petit Jésus qui va sortir
Je Gerbe
Ca brûle terriblement,
Et mon corps qui grandit
En amour, et en faim de sang,
Ca fait mal,
terriblement mal,
Beaucoup trop mal...
On appelle ça la peur,
Je pleure,
Sans larmes,
Je ne peux pas,
Sans armes,
J'implore qu'on arrête,
Nu.
Son visage, alors, se crispe
Tout devient couleur sang
Elle se dresse, furieuse,
Et elle hurle:
"Très bien!
Tu ne seras pas un loup!"
Une baigne griffue dans
Ma gueule et je
Rouleboule jusqu'au
Matin...
J'ouvre les yeux
Depuis mon lit je vois de nouveau la ville sourire.
Et je sourirai encore aujourd'hui.
Mais dans mes profondeurs demeure
Un bout de métamorphose.
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